Franck HENRY
Franck HENRY (2019) - Douleur chronique et auto-compassion - Thèse sous la direction de C. Aguerre.
Résumé de la thèse
L’auto-compassion (ou « bienveillance envers soi-même ») a été définie par Kristen Neff (2003) comme « une qualité conduisant à être touché par sa propre souffrance en recherchant à s’impliquer dans la diminution de ses propres difficultés ». Selon elle, l’auto-compassion présente trois facettes, plus ou moins interdépendantes : la bonté envers soi-même (self-kindness), le sentiment d’appartenance à l’humanité commune (common humanity) et la pleine conscience (mindfulness). À ce jour, plusieurs résultats d’études suggèrent que plus la capacité à être bienveillant envers soi-même est importante, plus le niveau de bien-être psychologique en résultant est grand, et plus les capacités de résilience observées après un stress ont des chances d’être optimales (Zessin, & al., 2015). Plus précisément, l’auto-compassion aurait des effets bénéfiques sur la régulation émotionnelle, le développement d’émotions positives, la préservation de l’état de santé mentale et physique (via principalement une diminution de la propension à développer des symptômes anxio-dépressifs). Notre thèse vise à préciser les bienfaits de l’auto-compassion sur le plan de l’adaptation psychologique (coping) à la douleur physique chronique, et s’inscrit de la sorte dans la continuité d’un champ d’étude récemment investigué (Purdie & Morley, 2016). Notre travail se centrera plus précisément sur les relations unissant l’auto-compassion à différentes variables psychologiques impliquées dans l’aggravation et le retentissement fonctionnel des douleurs physiques chroniques, à savoir : la propension à l’anxiété, la tendance dépressive, le sentiment d’injustice perçue, le sentiment de honte éprouvé, la colère ressentie, le catastrophisme, la kinésiophobie, le sentiment d’auto-efficacité, les croyances cultivées envers les douleurs chroniques et les stratégies de coping déployées pour les auto-gérer au mieux. Nous nous intéresserons aux modes d’attachement de cette population, en vue de mieux comprendre leurs effets sur le développement ou non de l’auto-compassion. D’autre part, nous nous attendons à observer une meilleure alliance thérapeutique et une meilleure affiliation sociale chez les personnes bienveillantes envers elles-mêmes, lorsqu’elles expérimentent des douleurs chroniques et cherchent à les auto-gérer. À partir de notre expérience psychothérapeutique en centre de la douleur chronique en tant que psychologue clinicien, et d’un éclairage psychopathologique trans-diagnostique (comparaisons opérées avec d’autres populations cliniques), nous ambitionnons de mettre en évidence des leviers et des processus de changement salutairement activés par l’auto-compassion. In fine, cela nous conduira à tester et à comparer les bienfaits de diverses approches psychothérapeutiques proposables à des personnes atteintes de douleurs physiques chroniques, mais aussi aux soignants en vue de les préserver de l’usure compassionnelle.
Mots-clés de la thèse : douleur chronique, coping, compassion, modes d’attachement, approche trans-diagnostique, psychothérapies, chronic pain, coping, compassion, attachment styles, transdiagnostic approach, psychotherapies.